Etre un auteur indé heureux, premier épisode


Pour cette page, je suis partie en quête. Non pas tel un chevalier des temps modernes, la chevalerie n'est pas histoire de femme et le graal ne se trouve pas dans des pages Facebook .

Quelque chose pourtant se dégage de tous ces mots lus.

Je lui donnerai le nom de conscience.

C'est étonnant l'émergence d'une conscience collective!
Cela foisonne de toute part, de tous ces messages postés, ils raccrochent les auteurs aux rives d'une nouvelle terre, une toute petite crique, ils s'échouent là, se posent, confient leurs espoirs, leurs désillusions.

On vibre, avec eux.
Jamais ils n'ont été aussi vivants que dans ces moments où ils se confient.

Ces forums sont la reconnaissance de leur qualité d'écrivain, dont ils finissent par douter, devant les refus des maisons d'édition.

Quels sont les critères d'un livre "publiable"?

On a tous en mémoire le succès (en édition de poche) de la "femme parfaite est une connasse" . Louées en soient les auteures, elles consolent tous ceux qui s'obstinent à écrire avec leur tête, leurs émotions, se trompent, s'égarent sur des voies sans issues, à la recherche d'une intrigue, un style.

L'auteur indé s'insurge contre les platitudes, les clichés arrachés à ces pages de magasines féminins : vade retro satana.

L'auteur indé a les poches vides mais n'a pas vendu son âme.

De livres non plus.

Noires sont les larmes de ces pauvres auteurs, elles sont la couleur de l'encre dont ils noircissent leur cahier de brouillon.
Pardon je me trompe de siècle.
Les larmes coulent donc sur les cartes mémoires des ordinateurs.

Il s'ensuit un court circuit, instant bref d'intense échange entre le clavier et l'âme.
Une fulgurance dans un esprit, et l'auteur indé, de rage d'être resté dans l'obscurité, vomit ses plus belles pages.

J'ai pu lire de magnifiques phrases et je ne résiste pas au plaisir d'en citer, quelques unes:

"Il ne se rappelait pas de son année de naissance, mais il était assez vieux pour avoir connu les deux grandes guerres, pour avoir bercé des générations d'enfants dans ses bras et deviné quand viendrait l'heure de ceux qui allaient passer de l'autre côté. Maintenant, c'était son tour, il le savait. Cela faisait des années que le mal le rongeait. Il avait lutté avec force, avec rage même, contre cette maladie. Parfois, il crut avoir gagné dans un renouveau de vigueur et de jeunesse...."

Extrait de "TEMPORALITES" de Natalya Brunolov.

Sans vouloir casser l'émotion de ce beau paragraphe, une autre citation:

"Eh oui, il est de bon ton de laisser mariner un homme. Allez savoir pourquoi.
La peur de paraître désespérée, la peur de lui mettre la pression...
Mais surtout, le besoin de lui prouver que "c'est pas du tout cuit" (alors que si, en fait).

Extrait de...

Inutile de préciser, tout le monde aura deviner.

Alors moi, aussi, en tant qu'auteur indé, je crie, ma rage, et je jure, j'y mets toutes mes tripes:

Et la remarque, elle vaut en face d'un éditeur?

Après tout, parfois ils sont des hommes.




1 commentaire:

  1. Magnifique article chère Céline. Tu as bien raison de ne pas vendre ton âme. Lorsqu'on écrit comme toi, il est criminel de se saborder pour se rendre commercial. "Ni putes ni soumises", cela pourrait aussi être notre nouvelle devise.

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