jeudi 5 novembre 2015

AUTOPSIE D'UN SUCCES

AUTOPSIE D’UN SUCCES 2

Nous allons aujourd’hui analyser le contenu de ce livre à succes qu’est “Les gens heureux lisent et boivent du café. Après tout, l’on peut se dire que si ce livre “fonctionne”, c’est qu’il y a, à l’intérieur de l’alléchante boite, des chocolats qui respondent exactement aux gouts et aux attentes des consommateurs.

Les anti-héros semblent avoir la côte.

L’héroïne du livre affiche de nombreux défauts, elle n’est pas à proprement une jeune femme modèle. Elle picole, fume comme un vieux diesel, drague. Vous me direz, elle est déprimée. C’est vrai. Mais cela ne contribute-t-il  pas à faire d’elle un personnage qui nous ressemble ? L’on peut facilement s’identifier à elle, parcequ’il faut bien l’avouer, on est pas des anges non plus…

Quant à Monsieur le beau ténébreux irlandais, il a tout d’un grincheux. Il est même un peu négligé, niveau look parfois. Encore une fois, nous voilà loin du prince ideal tout en courtoisie, en romantisme et en paroles suaves. Un parfait connard, voilà comment il se présente par moment.

Felix, le meilleur ami homosexuel, est le roi de l’orgie sexuelle. Il vit sa vie comme il l’entend, se couche à l’aube et se lève rârement tout seul.

Les personages des “gens heureux lisent et boivent du café”, boivent beaucoup et lisent bien peu. Ils sont des contre-exemples de conduite. Oui mais voilà, c’est justement ces caractéristiques qui leur restituent toute leur humanité et leur conferent un côté indéniablement moderne.


Un style basique qui plait

Le lecture s’est grandement démocratisée ces dernières années et n’est plus l’apanage d’une élite intellectuelle. On peut dire que les romans populaires, écrits dans un langage simple et de tous les jours séduit de nombreux lecteurs. Pas besoin de faire de belles phrases alambiquées pour être lu du plus grand nombre. Là encore, je pense que le lecteur a besoin de s’identifier aussi à l’auteur. Or, si l’écrivain est un artiste inaccessible qui emploie des mots compliqués, cette identification est impossible.

Dans “Les gens heureux lisent et boivent du café”, vous remarquerez la simplicité extrême du style. Là encore le livre divise. Certains commentaires, très critiques, déplorent une écriture scolaire, digne d’une collégienne. Diviser pour mieux régner, sans se casser la tête à produire du texte hautement littéraire et vendre 300 000 exemplaires,, moi je dis chapeau bas madame Lugand.

De la romance, encore de la romance.

Les histoires d’amour font rêver et l’amour est la quête absolue de bons nombre de terriens. Pas besoin d’analyse compliquée pour expliquer l’engouement des histoires sentimentales. En saupoudrer copieusement son livre est assurement un gage de seduction du lecteur. Même sans le “happy end”, la preuve est que nos deux héros finissent pas couper court à leur relation (mais il y une suite bien sûr…), l’histoire d’amour est une valeur sûre. On peut la caser partout, dans un polar, un thriller ou encore, un roman fantastique.

Des sentiments, des mouchoirs, une psychologie peu fouillée.

Mme Lugand use et abuse des sentiments humains, ou plutôt de leur expression “physique” : larmes, rires etc… Tout le monde pleure, tout le monde rit. Par contre, l’élaboration mentale des emotions n’est qu’à peine survolée, éfleurée. C’est peut-être le signe qu’il faut éviter les introspections minutieuses, la decortication des pensées, bref, l’analyse psychologique trop poussée, assomante ?


Un joli minois ?

Là, il se peut que je m’engage un peu trop. Mais je subodore que le joli minois de Mme Martin Lugand n’est pas étranger à son succes. En photo sur une page d’auteur, sur la couverture d’un livre ou encore à la télé pour une interview, il ne faut pas se leurrer, la nature nous donne un coup de pouce, ou pas… On évitera donc de poser un lendemain de beuverie, en plein syndrome grippal ou le matin au saut du lit. On bénit photoshop et les éclairages avantageux ou on choisit une photo vieille d’il y a dix ans. Sinon on fait comme votre servitrice, on met la trombine de son chat. Tout le monde craque pour les petits chats !

Pour résumer cette petite analyse, on reticent les points suivants :

-       Mieux vaut créer des personnages qui ne soient pas la perfection incarnée,
-       mieux vaut écrire dans un style simplissime,
-       mieux vaut introduire un histoire amoureuse dans l’intrigue
-       mieux vaut montrer les manifestations extérieures des sentiments que de les decrier en profondeur,
-       mieux vaut ne pas être moche.


Je ne sais pas si  l’utilisation drastique de ce modèle peut contribuer à elle seule à vendre des centaines de milliers d’exemplaires de nos livres. Ce sont en tout cas des pistes à explorer, d’autant qu’elles sont relativement faciles à metre en oeuvre, sauf le dernier point, j’en conviens.

A Bientôt !

Lucie Arcangel

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