jeudi 5 novembre 2015

AUTOPSIE D’UN SUCCES


Nous les observons tous, d’un œil circonspect, un brin de jalousie dans le regard ? (Mais non, cela ne nous ressemble pas à nous autres auteurs indépendants). Ce sont ces fameux best-sellers, ces premiers romans qui nous mettent sous le nez leur victoire insolente et le chiffre impressionnant de leurs ventes. Ils caracolent en tête du classement, tandis que nos « bébés » se traînent à la milliardième place, invisibles.

Nous  avons  donc décidé de décortiquer régulièrement ces grands succès d’auteurs indépendants pour tenter de découvrir les mécanismes et  les différentes clefs de cette gloire qui perdure pour certains.

Aujourd’hui je m’y colle avec « Les gens heureux lisent et boivent du café », d’Agnès Martin Lugand. Comment ça vous ne connaissez pas ? A qui voulez-vous le faire croire ?

« Les gens heureux lisent et boivent du café » raconte l’histoire d’une jeune femme qui perd brutalement son mari et sa petite fille dans un accident de voiture. Face à ce deuil, elle tentera de survivre aidée par son fidèle Félix, son meilleur ami homosexuel avec qui elle tient un café littéraire « Les gens heureux ». Un jour, elle décide de partir s’isoler en Irlande, pays qu’elle devait visiter avec son défunt mari, afin de vivre son douleur « tranquille ». Là-bas, elle rencontrera Edouard, un irlandais antipathique et rustre avec qui le premier contact est plutôt rugueux. Petit à petit, elle apprendra à le connaître et finira par succomber à son charme. De là naîtra une histoire d’amour tumultueuse qui ne se finira pas bien, puisque l’héroïne plantera là le bel ours et son Irlande natale, pour s’en revenir à Paris et retrouver son café « Les gens heureux ».

« Les gens heureux lisent et boivent du café », ce sont  près de 300.000 exemplaires vendus à ce jour et un contrat signé avec un énooorme éditeur. Pour le site Amazon, on compte 541 commentaires clients dont les notes se décomposent ainsi :
-        296 commentaires remportant 4 à 5 étoiles ;
-        245 commentaires remportant de 1 à 3 étoiles.

Un premier constat s’impose. On note que presque la moitié des commentaires est notée de 1 à 3 étoiles, équivalentes à une appréciation de mauvaise à moyenne. Les avis sont donc très partagés, ce qui m’amène à cette conclusion : Nul besoin de faire l’unanimité pour atteindre le top des ventes. 

J’irai même plus loin en me hasardant à penser que la controverse quant à la qualité d’une œuvre, peut s’avérer un « coup de pub » magistral et susciter des achats « curieux » en masse. Qu’est-ce-que je nomme achat curieux ? C’est tout simplement le gars qui se dit « Il faut qu’je sache pourquoi qui en a qui disent que ce bouquin est plus appétissant que les cuisses de la Germaine et pourquoi qu’d’autres y disent qu’il pue plus que la fosse à purin ». Ben oui, j’ai parfois lu des bouquins de Marc Levy pour vérifier leur légendaire nullité. L’art d’engendrer un mythe n’est donc pas l’apanage des génies.



-       1 - Analogies gagnantes

Un joli titre tu choisiras
Je ne vous apprendrai rien en vous rappelant combien le choix de notre titre est primordial. Il est, avec la couverture, la première accroche de notre lecteur. Cet élément peut déterminer la décision d’achat d’un livre.
«  Les gens heureux lisent et boivent du café ». Un titre long, composé d’un sujet, de verbes conjugués au présent et d’un complément d’objet.

Cela ne vous rappelle rien ?
«  Rien ne s’oppose à la nuit » (Delphine De Vigan).  Un titre long, un sujet,  un verbe conjugué au présent, un complément d’objet…

Une belle couverture tu créeras

La couverture c’est comme une boite de chocolat : Si la boite est moche, on n’a pas envie de goûter ce qu’il y a dedans. En revanche une boite luxueuse et sophistiquée laisse présager un délicieux contenu.

Je n’intègrerai pas les photos des couvertures respectives des « gens heureux lisent et boivent du café » et de « rien ne s’oppose à la nuit » d’une part car elles sont archi-connues, d’autre part à cause de mes deux mains gauches en matière de mise en page….

La couverture des « Gens heureux » peut se décrire ainsi : la photo noir et blanc d’une jolie fille fumant une cigarette.
La couverture de « Rien ne s’oppose à la nuit » : la photo noir et blanc d’une jolie fille fumant une cigarette.
J’aurais pu faire un copier-coller, mais comme je le disais plus haut, je suis un manche en matière de mise en page…

Même le nom de l’auteur a une sonorité connue !

Oui, j’ose pousser la recherche d’analogies jusque-là…
Avouez qu’Agnès Martin Lugand et Delphine de Vigan au niveau de la construction du nom composé et de sa terminaison (sonore), on retrouve comme un air de famille !

En conclusion de ce chapitre consacré aux analogies avec le grand livre d’un auteur talentueux, j’ai décidé que mon prochain livre s’appellerait « Burning » et que mon nom d’auteur serait « Tifène Ming ». Mais si, mais si, je vais oser…
Prochainement, dans  la suite de l’analyse de « Les gens heureux lisent et boivent du café »,  nous nous intéresserons à ce qu’il y a dans la boite de chocolats.
A bientôt !

Lucie Arcangel

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire